Kantar Public, une entreprise de recherche et de conseil spécialisée dans les services de politique publique a réalisé une enquête autour des métiers de la data, en partenariat avec l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC). Entre le 25 mars et le 21 avril 2021, 104 responsables des ressources humaines ou des activités digitales de grandes entreprises françaises ont été interrogés en ligne pour le compte de la Mission Numérique Gouvernementale des Grands Groupes portée par le secrétaire d’État Cédric O. Plusieurs thématiques ont été abordées comme la place de la data dans l’entreprise, le recrutement ou la formation dans les métiers de la data.
Une enquête qui s’intéresse au futur de la data
Dans le cadre de l’enquête menée par Kantar Public et l’ESSEC, un rapport a été publié autour du futur des métiers de la data vu par les grands groupes français. 104 personnes issues du secteur de la data ou du digital représentant 81 grands groupes français dont la majorité est cotée au CAC 40, ont répondu aux questions posées par ces deux organismes. L’étude s’inscrit dans la Mission Numérique Gouvernementale des Grands Groupes portée par Cédric O, secrétaire d’État, qui s’est exprimé autour du travail réalisé autour du sujet :
“Je tiens à saluer les premiers travaux de la Mission Numérique de Transformation des Grands Groupes qui livrent un panorama inédit sur les enjeux des entreprises dans le domaine de la donnée. Que vous soyez une start-up ou une grande entreprise, la maitrise des données et l’accès aux meilleurs talents est un gage de compétitivité. C’est pourquoi depuis 2017, le Gouvernement a mis un coup d’accélérateur sur la formation aux métiers du secteur numérique, qui constitue un pilier essentiel de la vitalité économique française. Grâce à des dispositifs comme celui de la Grande École du Numérique, la France prévoit d’offrir 10 000 nouvelles entrées en formations aux métiers du numérique d’ici 2022.”
La première partie du dossier permet de mettre en évidence la place de la data dans les grands groupes français. Une entreprise sur deux a évoqué que la data prenait une place très importante ou une place centrale dans son activité, 30 % d’entre elles se sentent plus avancés en matière de data que ses concurrents.
Les responsables ont ensuite été invités à noter de 1 et 5 l’avancement de l’entreprise dans plusieurs domaines liés à la donnée. Les notes oscillaient en moyenne entre 3 et 3,3/5 sur des thématiques autour de l’analyse des data, la collecte des données, l’agrégation des données et la gouvernance des données.
Les métiers de la data : gestion, taxonomie, recrutement, formation
Le document fourni par Kantar Public et l’ESSEC traitent longuement des métiers de la data. Les responsables d’entreprises ont répondu à un grand nombre de questions, en voici quelques-unes qui résument les principaux résultats de l’étude :
“Aujourd’hui, de quelle manière sont organisés les métiers de la data au sein de votre entreprise ?” : 44 % des personnes questionnées affirment qu’il existe une division ou un département spécifique pour les métiers de la data, 33 % des responsables précisent que les postes dédiés la data sont répartis dans différentes divisions, 21 % des responsables affirment qu’une autre organisation est en place sous la forme d’une solution “hybride”.
Une question liée à la taxonomie des métiers de la data : ci-dessous, retrouvez un graphique qui met en lumière l’ensemble des métiers de la data évoquée par les entreprises sondées. On retrouve les data scientists, les data protection officer, les date engineers, les data analyst/consultant, les data architect, les chief data officers, etc.
Une question confirme la place stratégique du Data Scientist dans les grands groupes : 70 % des interviewés affirment que leur entreprise va embaucher dans les prochains mois des data scientists et 76 % pour les data engineers. Ce métier est jugé essentiel pour définir une stratégie marketing et commerciale, dans la gestion, l’analyse et l’exploitation de la data. Cependant, l’étude montre qu’il existe un déséquilibre notable entre l’offre et la demande qui se résout très souvent par une hausse très significative des salaires.
Une autre souligne le besoin des répondants à renforcer leurs équipes avec des métiers plus techniques (Data Engineer, Data Steward, Data Architect etc.) tout en renforçant leurs formations. En effet, ces métiers de la Data nécessitent des formations spécialisées ce qui rend difficiles les méthodes d’upskilling”. 43% des responsables considèrent que les formations proposées aujourd’hui par l’enseignement supérieur en France pour les métiers de la data sont suffisamment en lien avec le monde de l’entreprise et 51% estiment qu’elles ne sont pas suffisantes.
Quels profils recherchés pour les métiers de la data ?
Un des premiers critères évoqués dans le recrutement de personnels des entreprises françaises dans les métiers de la data réside dans la nationalité. Entre 53 % et 60 % d’entre elles sont plutôt favorables au recrutement en France plutôt qu’à l’étranger, même si elles n’y sont pas fermées. Un résultat à mettre en corrélation avec une question avec les softs skills des candidats : sur une échelle de 1 à 5, la maitrise du français est la compétence la plus appréciée avec une note de 3,9/5, à égalité avec les connaissances informatiques, théoriques et mathématiques sur la data.
L’Union européenne (46 %) est en tête des lieux d’origine des personnes étrangères recrutées par les grands groupes français, suivie par les pays du Maghreb (43 %), de la Chine et de l’Inde (respectivement 21 % chacun). Une entreprise sur trois est plus favorable à recruter à l’étranger qu’en France.
Les recruteurs privilégient les profils expérimentés pour les postes de data architects. Pour les autres postes, les profils sont plus diversifiés et les juniors ainsi que les seniors sont plus ou moins privilégiés par les entreprises. Néanmoins, une écrasante majorité des entreprises souhaitent recruter au niveau Master (bac +5). Pour les data scientists, une structure sur quatre privilégie les profils doctorants (PhD, Bac +8).
Guillaume Chevillon, Professeur en économétrie et statistique à l’ESSEC Business School, a apporté son analyse des résultats de l’étude :
“Les grands groupes français déplorent le manque de compétences hybrides en France, entre data et métiers, entre hard et soft skills. Ceci constitue un appel à renforcer les formations mêlant science des données, sciences humaines, sociales et de management qui se sont developpées ces dernières années via des alliances entre universités, écoles d’ingénieurs et écoles de commerce. Le plus grand obstacle à la croissance ne semble pas être la pénurie de data scientiste, mais le manque de leaders formés aux sciences des données et à l’Intelligence artificielle.”
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