Aug 22
Traditionnellement, la cartographie des risques était un outil d’experts.
Rugueux, je vous en donne la formule mathématique la plus utilisée dans l’anticor ou encore le devoir de vigilance :
On définit les risques qui s’appliquent à la société (temps 1). Pour chacun de ces scénarios de risques, on fait une pondération savante entre impact, probabilité et facteur aggravant, ce qui donne le risque brut (temps 2). On analyse toutes les mesures existantes pour prévenir ce risque brut, ce qui donne le risque net (temps 3). On compile tous les risques nets dans la cartographie, dans laquelle on va préciser le plan d’action de mesures préventives supplémentaires pour les risques nets encore trop élevés (temps 4).
Cette présentation rugueuse n’est pas pour tout le monde.
Car les attentes ont changé.
Elle est désormais un outil de la communication interne.
A mesure que l’on demande à des filiales d’appliquer une philosophie, et non simplement uniquement des procédures, la cartographie peut constituer un élément central de la sensibilisation aux risques.
La cartographie permet de prendre de la hauteur.
En exposant les causes des risques, elle légitime les actions sollicitées par les acteurs de terrain.
Dans cette perspective, elle devient alors un document nécessairement incontestable.
Incontestable dans le sens qu’elle se doit d’être la plus objective possible.
A contrario, voici 5 phrases que peuvent prononcer des opérationnels et qui appellent une réaction de votre part :
1️ "𝙅𝙚 𝙣𝙚 𝙘𝙤𝙢𝙥𝙧𝙚𝙣𝙙𝙨 𝙥𝙖𝙨 𝙘𝙚𝙩𝙩𝙚 𝙘𝙖𝙧𝙩𝙤" : c’est un cas classique. Il s’agit d’un problème de lisibilité et d’accessibilité. C’est très grave, c’est comme si la cartographie n’existait pas. Si l’opérationnel ne comprend pas, et en conséquence n’est pas convaincu, il devra faire plus d’efforts pour agir.
2️ "𝙊𝙣 𝙖 𝙙𝙚𝙟𝙖̀ 𝙙𝙚𝙨 𝙢𝙚𝙨𝙪𝙧𝙚𝙨 𝙥𝙤𝙪𝙧 𝙘𝙚 𝙧𝙞𝙨𝙦𝙪𝙚" : quelque chose vous a échappé pendant l’identification des mesures existantes. Qu’il s’agisse d’une mesure provenant d’une autre règlementation ou de shadow compliance, la seule question pertinente est de savoir si la mesure locale est suffisante au regard du respect de la règle. Le cas échéant, vous pouvez écarter la nouvelle mesure.
3️ "𝘾𝙚 𝙧𝙞𝙨𝙦𝙪𝙚 𝙚𝙨𝙩 𝙞𝙢𝙥𝙤𝙨𝙨𝙞𝙗𝙡𝙚 𝙞𝙘𝙞" : auriez-vous cédé à l’analogie, ce terrible vice qu’on voue aux gémonies dès la première année de droit ? L’excès de modélisation vous a sûrement amené à généraliser des éléments particuliers à mauvais escient.
4️ "𝙑𝙚𝙣𝙚𝙯 𝙪𝙣 𝙥𝙚𝙪 𝙨𝙪𝙧 𝙡𝙚 𝙩𝙚𝙧𝙧𝙖𝙞𝙣" : bah alors, on ne sort pas de sa tour d’ivoire ? Allez sur le terrain, prenez un café avec les opérationnels, comprenez leur métier. Vous êtes de leur côté, vous n’êtes pas contre eux, et ils doivent le comprendre.
5️ "𝘾𝙖 𝙛𝙖𝙞𝙩 4 𝙢𝙤𝙞𝙨 𝙦𝙪𝙚 𝙡𝙚 𝙧𝙞𝙨𝙦𝙪𝙚 𝙖 𝙚́𝙩𝙚́ 𝙞𝙙𝙚𝙣𝙩𝙞𝙛𝙞𝙚́ 𝙥𝙖𝙧 𝙡𝙚𝙨 𝙖𝙪𝙩𝙤𝙧𝙞𝙩𝙚́𝙨, 𝙥𝙤𝙪𝙧𝙦𝙪𝙤𝙞 𝙤𝙣 𝙣𝙚 𝙡’𝙖 𝙥𝙖𝙨 𝙙𝙖𝙣𝙨 𝙡𝙖 𝙘𝙖𝙧𝙩𝙤 ?"
C'est un problème de vélocité. Vous n’êtes pas dans le bon rythme. Il doit se passer le moins de temps possible entre la manifestation d’un risque et son traitement.
Le futur de la cartographie ?
Je mets toute la crédibilité de mes dons divinatoires en jeu.
Voici les 3 évolutions que je pressens :
Cartographie agile : le régulateur exigerait un système où le remontée d’information et ses conséquences sur la cartographie seraient intégrées quasi-automatiquement.
Cartographie personnalisée : au-delà d’une cartographie commune à une filiale, chaque métier voire chaque poste aurait sa propre cartographie adaptée et la plus proche de sa situation.
Cartographie étendue : de plus en plus d’opérationnels auraient accès à la cartographie.
Et on appellera cette cartographie agile, personnalisée et étendue, la “cartographie pour tous”.
Carto jacta est
site internet : https://substack.com/profile/30101874-xavier-gattegno
p/o Virginie Gastine Menou
RISQUES ET VOUS
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