La collecte nette sur les supports rachetables en assurance-vie a atteint 10,5 milliards d’euros au premier semestre 2022 (cf. Graphique 5) tirée par le dynamisme des supports en unités de compte (22,1 milliards d’euros sur la période).
En dépit du repli des marchés boursiers, la collecte nette sur les supports en unités de compte s’est maintenue et a permis à la collecte nette sur tous les supports confondus d’atteindre 6,5 milliards d’euros au premier trimestre, son plus haut niveau depuis 2019. La collecte nette a ensuite fléchi au deuxième trimestre pour s’établir à 4,1 milliards d’euros, en raison de l’accentuation de la décollecte sur les supports euros. Ainsi pour l’ensemble du premier semestre, la décollecte sur les supports en euros a atteint 11,6 milliards d’euros.
Les rachats se sont accrus au premier semestre 2022 pour atteindre 35,3 milliards d’euros tous supports confondus, soit 8,7 % de plus qu’au semestre précédent (cf. Graphique 2). S’ils sont stables pour les supports en unités de compte (+ 0,4 %), ils enregistrent une progression pour les supports en euros (+ 11,2 %). Les rachats ont toutefois globalement diminué de 3,8 % entre le premier et le deuxième trimestre 2022 pour s’établir à 17,3 milliards d’euros.
Le montant des sinistres du premier semestre 2022 est en légère progression (+ 0,8 % par rapport au premier semestre 2021). Comme l’année précédente, au premier trimestre, l’évolution des sinistres est imputable aux pics de mortalité survenus en début d’année (cf. graphique 3). Leur diminution a toutefois été plus lente au deuxième trimestre 2022 qu’au deuxième trimestre 2021, se maintenant à 3,6 milliards d’euros mensuels.
En dépit des incertitudes liées à l’actualité du premier trimestre, la collecte nette a progressé sur les supports en unités de compte sous l’effet, en premier lieu, des arbitrages qui se sont réorientés vers les supports en unités de compte. Au premier trimestre, 1 milliard d’euros a été transféré vers des unités de compte alors que les arbitrages en faveur des euros s’élevaient à 1,4 milliard d’euros au quatrième trimestre 2021. Au deuxième trimestre, la tendance s’est poursuivie et 1,4 milliard d’euros d’arbitrages ont amplifié la décollecte nette des supports en euros au profit des supports en unités de compte (cf. graphique 6).
L’attractivité des supports en euros a souffert de la progression de l’inflation qui érode les rendements réels. Dans ce contexte, les assureurs ont maintenu leur politique incitative en faveur des supports en unités de compte et les assurés ont accru leurs placements dans ces supports (cf. Graphique 7), et. Les premiers mois du second semestre ont montré que la décollecte pour les supports euros se poursuit dans un contexte d’incertitude sur les perspectives macroéconomiques.
Les primes acquises d’assurance non vie en affaires directes ont augmenté de 5,8 % entre le T2 2021 et le T2 2022 (cf. Tableau 2). Les sinistres d’assurance non vie en affaires directes ont pour leur part connu une forte progression au 1er semestre 2022, à hauteur de 10,2 % entre le T2 2021 et le T2 2022 (cf. Tableau 3). La hausse des primes d’assurance non vie est répartie sur la plupart des lignes d’activité (cf. Tableau 4), alors que la forte augmentation des sinistres est portée pour plus de la moitié par l’assurance automobile (cf. Tableau 5), en particulier par les dommages automobiles (+38,6 % sur les affaires directes entre le T2 2021 et le T2 2022). Cette progression de la sinistralité résulte de l’augmentation du nombre de sinistres, d’une part, et de la hausse des prix qui affecte directement les coûts de sinistres par le biais par exemple du coût des pièces détachées, d’autre part
Concernant l’activité de santé non vie, les primes en affaires directes ont augmenté de 4,8 % entre le T2 2021 et le T2 2022 (cf. Tableau 4) tandis que les sinistres en affaires directes ont augmenté de 5,5 % (cf. Tableau 5).
Le ratio combiné de l’ensemble des lignes d’activité non vie s’en trouve légèrement détérioré, passant de 96,2 % fin 2021 à 97,4% au T2 2022 mais avec des évolutions contrastées. Le ratio combiné de la santé passe ainsi pour la même période de 100,8% à 98,7% et tandis que le ratio combiné de la non vie hors santé se dégrade de 97,0 % à 99,1 %.
Les ratios de performance sont en particulier sensiblement détériorés pour l’assurance de dommages automobile et l’assurance dommages aux biens : le ratio combiné des dommages automobiles augmente de 93,3 % fin 2021 à 100,9 % au T2 2022, et le ratio combiné des incendies et dommages aux biens de 98,4 % fin 2021 à 105,1 % au T2 2022 (cf. Graphique 11).
Par ailleurs, certains sinistres à déroulement long nécessitent plusieurs règlements s’étalant sur plusieurs années sont de ce fait, plus sensibles à l’évolution de l’inflation. Pour ces branches d’activité dites « longues », la hausse des coûts de sinistres entraine ainsi des effets cumulatifs au fil des années pouvant affecter l’évaluation des provisions techniques et nécessiter un rechargement de ces dernières.
Les placements des organismes d'assurance français s’établissent à 2 662 milliards d'euros en valeur de marché fin juin 2022, en baisse de 5,4% par rapport au semestre précédent (2 814 milliards d’euros) et de 4% par rapport à fin juin 2021 (2 773 milliards d’euros).
La valeur des actifs a connu des évolutions importantes au cours des derniers mois en raison de la remontée des taux et de la volatilité des marchés actions. Ainsi, les encours d’obligations en valeur de marché diminuent depuis plusieurs trimestres, plus particulièrement les obligations souveraines et dans une moindre mesure les obligations du secteur financier et les obligations de sociétés non financières. En effet, les revenus des actifs obligataires sont fixes dans la grande majorité des cas et seulement 9% des obligations bénéficient de taux variables (qui permettent de bénéficier de la remontée des taux) et 3% sont indexées (et ont des taux de coupons qui suivent certains indices comme par exemple l’indice d’évolution des prix) (cf. Graphique 15). Contrairement aux trimestres précédents, depuis le début de l’année 2022, cette baisse n’a pas été compensée par un effet valorisation à la hausse des encours en actions et des fonds d’investissement.
L’allocation observée sur les actifs des assureurs à la fin juin 2022 diffère donc légèrement de celle de la fin de l’année 2021. Les obligations souveraines représentent 23% des placements après mise en transparence, les obligations du secteur financier 25% et les actions 11% (contre respectivement 25%, 25% et 12%) (cf. Graphique 14). De plus, les assureurs ont continué à privilégier des contreparties principalement situées en France ou dans la zone euro (cf. Graphique 15). Une telle stratégie d’allocation d’actifs leur permet de disposer d’une part très importante d’actifs liquides et de bonne qualité, pour faire face à de potentiels besoins accrus et soudains de liquidité.
Enfin, l’appréciation des actifs détenus en dollar américain, du fait de la dépréciation de l’euro face à ce dernier, ne profite que marginalement aux assureurs dont l’exposition aux devises étrangères est faible (cf. Graphique 17)
Le ratio de solvabilité de l’ensemble des organismes d’assurance s’est établi à 263% au T2 2022 (cf. Graphique 18). Depuis fin 2021, il est en hausse pour tous les types d’organismes : le taux de couverture moyen du CSR des organismes vie et mixtes est de 259% au T2 2022 (contre 247% en 2021), et de 273% pour les organismes non vie (contre 266% en 2021).
Cette amélioration du ratio de CSR résulte de la hausse des taux d’intérêt au 1er semestre 2022 qui pour beaucoup d’organismes entraîne une baisse de la valeur des passifs techniques à long terme plus forte que celle des actifs.
Étude réalisée par la direction d’étude et d’analyse des risques de l’ACPR
Sélectionné par Virginie GASTINE MENOU
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