mercredi, 21 décembre 2022
Dans une tribune parue ce 21 décembre dans le quotidien camerounais à capitaux publics, Cameroon tribune, l’ancien secrétaire permanent du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (Gabac), Désiré Geoffroy Mbock (photo), affirme que le Cameroun sera inscrit dans la liste « grise » du Groupe d’action financière (Gafi) en 2023.
Cette projection repose sur le fait que, lors de sa dernière évaluation par les pairs, le pays a reçu 13 notations « partiellement conformes » (PC) en rapport avec le blanchiment d’argent et 8 notations « non conformes » (NC) en relation avec le financement du terrorisme. En effet, selon le Gafi, le Cameroun fait partie des pays qui sont « particulièrement exposés à des risques de blanchiment des capitaux liés à l’intégration dans le système financier des produits issus de la corruption, des détournements de deniers publics, de la fraude douanière et fiscale, du braconnage, du trafic d’espèces fauniques et d’essences forestières protégées ».
Cette inscription annoncée dans la liste grise du Gafi va placer le pays sur la surveillance renforce du Groupe d’examen de la coopération internationale (Geci), un groupe spécialisé de l’organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. À l’issue de son évaluation préliminaire, poursuit Désiré Geoffroy Mbock, le Geci va le soumettre à un plan d’action. Et s’il est jugé n’avoir pas suffisamment fait des progrès dans la mise en œuvre de ce plan d’action, les autorités politiques de l’État devront prendre un engagement public et écrit au niveau gouvernemental le plus élevé, à prendre toutes les dispositions pour corriger dans un délai d’un an, les défaillances constatées tout au long du processus d’évaluation.
Et le non-respect de l’engagement ainsi pris, indique M. Mbock, expose le Cameroun à être considéré comme un pays à haut risque et de ce fait à être inscrit sur la liste noire du Gafi et faire l’objet d’une déclaration publique. « En termes clairs, dans le cas où un État membre ou membre associé du Gabac faisait l’objet d’une déclaration publique du Gafi, les banques étrangères pourraient suspendre toute transaction avec leurs correspondants des pays concernés ».
L’ex-secrétaire du Gabac a déjà tiré la sonnette d’alarme sur cette situation du Cameroun en 2018. Citant une étude du Cobac, il a révélé que le Cameroun a échangé, entre 2013 et 2016 dans le change manuel, 1 964 milliards FCFA contre des euros et des dollars US. « Certaines origines et/ou destinations de ces fonds permettent d’envisager que ces derniers aient pu faire l’objet de blanchiment ou aient servi au financement du terrorisme, d’autant qu’il faut reconnaître que l’activité de transfert de fonds est essentiellement exercée par les sous-agents, généralement des établissements de microfinance, dotés de personnels peu formés et plus préoccupés par les commissions engrangées que par la prévention du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme », avait-il déclaré.
S.A.
Sélectionné par Virginie GASTINE MENOU
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