Fin de la vente de voitures thermiques neuves en 2035, révision du marché carbone, développement des énergies renouvelables... Le plan climat de l'Union européenne a été annoncé par la Commission le 14 juillet. À travers 14 textes législatifs, il doit permettre d'atteindre l'objectif d'une réduction de 55 % des émissions de CO2 d'ici 2030 tout en assurant une transition juste et équitable pour l'ensemble des citoyens européens.
Après le temps des discussions, le temps de l’action. La Commission européenne a dévoilé le 14 juillet sa très attendue feuille de route pour atteindre les objectifs climatiques de l'Union européenne. À la fin de l’année 2020, l’institution avait rehaussé l’ambition de l’Europe en la matière en sollicitant une réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55% par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2030, et la neutralité carbone d'ici à 2050.
Baptisé "Fit for 55" ("paré pour les 55"), le plan de mise en œuvre comprend 14 textes législatifs pour réviser les mesures existantes ou en initier de nouvelles pour lutter contre le changement climatique. "L'Europe est le tout premier continent à présenter une architecture verte complète: nous avons l'objectif, et désormais la feuille de route pour l'atteindre", s’est félicitée la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Il s’agit d’un premier pas : l’ensemble des propositions doivent encore être négociées avec les 27 membres du bloc et les eurodéputés. Les discussions devraient aboutir d'ici 2023.
L’arsenal des mesures aura un impact direct sur la vie quotidienne des citoyens européens. La Commission a par exemple acté la fin de la vente de voitures thermiques neuves (essence, diesel), d’ici 2035. Pour accompagner cette évolution, l’institution souhaite encourager le déploiement de points de recharge électrique et hydrogène. Il s’agit d’une mesure clé : l'utilisation de la voiture compte pour 15% des émissions de CO2 de l'UE. Autre grand tournant, la taxation à partir de 2023 du kérosène pour les vols au sein de l’UE. Le secteur était jusqu’alors épargné. Bruxelles entend également encourager le développement des énergies renouvelables en relevant à 40% leur part dans le mix énergétique en 2030, contre 32% actuellement.
Le second grand chantier concerne la réforme du marché carbone européen (ETS) qui permet aux entreprises d’acheter des "droits à polluer". L’objectif est d’encourager les entreprises à réduire leurs émissions pour économiser l’achat de permis ou gagner de l'argent en revendant des quotas. Ce système concerne déjà des secteurs comme celui de l’aluminium, de l’acier, du ciment, ou de l'électricité et pourrait s’étendre au transport maritime pour les plus gros navires (fret et croisières). Un second marché du carbone devrait être mis en place à partir de 2025 pour le transport routier et le chauffage des bâtiments. La Commission entend également réduire drastiquement l'allocation de quotas gratuits. Ces mesures vont relever le prix du carbone. Pour permettre à l’Europe de rester compétitive, une taxe sur les importations de matériaux tels que l'acier et le béton devrait être mise en place.
L'extension du marché carbone est au cœur risque des dissensions car il risque d'avoir un impact direct sur le portemonnaie des citoyens européens. La France, touchée par la crise des gilets jaunes, se montre notamment frileuse au sujet de la création du second marché carbone, qui devrait avoir pour conséquence l'augmentation du prix de l'essence. L’eurodéputé Pascal Canfin et plusieurs ONG regroupées dans le Réseau Action Climat se sont mobilisés contre cette mesure.
"Notre plan combine la réduction d'émissions carbone avec des mesures pour préserver la nature et placer l'emploi et l'équité sociale au cœur de cette transformation", a cependant rassuré la cheffe de l'exécutif européen. La Commission souhaite par exemple la mise en place d'un nouveau Fonds social pour le climat pour aider les citoyens à atténuer les coûts et assurer l'équité de cette transition. Doté de 72,2 milliards d'euros sur sept ans, il permettra de financer la rénovation de bâtiments, un accès à des solutions de mobilité à émissions faibles ou nulles, et même un soutien aux revenus.
Pauline Fricot, @PaulineFricot
p/o Virginie Gastine Menou
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