BNP Paribas, Crédit Agricole, le groupe BPCE et Axa sont accusés d’avoir tiré profit de la déforestation illégale en Amazonie, en finançant l’industrie brésilienne du bœuf. L’ONG Sherpa, qui s’appuie notamment sur les révélations de Disclose, vient de déposer plainte au Parquet national financier pour blanchiment et recel de délits environnementaux.
En investissant dans les principales entreprises de viande bovine au Brésil, quatre banques françaises se seraient rendues coupables de blanchiment et recel de délits environnementaux. C’est l’objet de la plainte déposée ce mercredi 8 novembre au Parquet national financier (PNF) par l’association Sherpa, en partenariat avec Transparency International, Harvest, le Center for Climate Crime Analysis et Repórter Brasil.
Les ONG reprochent à BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE et Axa d’avoir investi plus de 70 millions de dollars (65 millions d’euros) dans deux géants brésiliens de l’agroalimentaire, JBS et Marfrig. Ces fonds, apportés sous la forme d’obligations entre 2013 et 2021, auraient directement conduit à des opérations de déforestation illégale en Amazonie. Une fois remboursé aux établissements bancaires français, avec des intérêts, cet argent est retourné dans le circuit monétaire légal. Ce qui pourrait constituer, selon Sherpa, une opération de blanchiment. Avec cette plainte, l’ONG souhaite que ces établissements puissent être tenus pénalement responsables du financement de la déforestation. Une première en France.
À l’appui de sa plainte, l’association cite les nombreuses révélations publiées ces dernières années sur les conséquences de l’élevage intensif au Brésil. « Plus de 2 000 pages d’études scientifiques, de rapports d’ONG et d’enquêtes journalistiques », détaille Jean-Philippe Foegle, chargé de plaidoyer et de contentieux à Sherpa.
Parmi elles, le rapport publié par Disclose en novembre 2022, en partenariat avec plusieurs ONG dont Sherpa, sur le rôle des banques françaises dans la déforestation de l’Amazonie. À l’époque, nous révélions notamment que BNP Paribas avait financé les principales multinationales brésiliennes du bœuf et du soja, qui grignotent des pans entiers de forêts millénaires pour installer illégalement des exploitations.
« Les banques ne pouvaient ignorer ces infractions répétées »
Les méthodes de ces géants de l’agroalimentaire pour cacher l’origine du bœuf sont désormais bien documentées. En juillet 2020, Disclose avait par exemple révélé que le premier producteur mondial de viande bovine, JBS, déplaçait des animaux élevés dans des exploitations illégales vers des fermes autorisées par l’État brésilien, juste avant leur abattage. La viande ainsi « maquillée » était ensuite vendue aux supermarchés européens. Quelques jours après nos révélations, le fonds d’investissement Nord Asset Management s’était décidé à sortir du capital de JBS.
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