En France, les sociétés anonymes et entreprises unipersonnelles ayant dépassé certains seuils relatifs à leur chiffre d’affaires, bilan annuel ou nombre de salariés, sont dans l’obligation de faire appel à un commissaire aux comptes, tel que cela a été défini dans la loi Pacte de 2019.
Le commissaire aux comptes (CAC), agent extérieur à toute organisation, est chargé de réaliser un contrôle interne afin de certifier les comptes ou identifier des anomalies comptables. Mais à l’heure de la digitalisation des entreprises, de la complexité des procédures et des méthodes de gestion en constante évolution, de nouveaux risques opérationnels et financiers surviennent.
Ainsi, en quoi la digitalisation influe-t-elle sur les missions, voire sur la profession même du commissaire aux comptes ?
La mission traditionnelle du commissaire aux comptes est de réaliser un audit légal afin de vérifier la conformité des opérations comptables avec la réglementation. Son rôle est d’assurer la régularité des comptes et le cas échéant, de démontrer l’absence d’anomalies significatives. En effet, depuis la Norme d’Exercice Professionnelle (NEP) 240, un audit financier ne se limite plus à un contrôle direct des comptes consolidés, mais inclut également une évaluation des risques ainsi qu’un contrôle interne. Or, la transition numérique a donné lieu à une volumétrie de transactions et d’opérations en ligne extrêmement importante, renforçant les risques de dérives internes au sein des entreprises.
En effet, la masse de données à traiter rend les flux d’information financière de moins en moins visibles. En cela, leur contrôle devient beaucoup plus complexe à effectuer selon la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes (CNCC).
La digitalisation entraîne de nouveaux enjeux pour les commissaires aux comptes : D’abord, les nouvelles politiques de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) ont encouragé les entreprises à mener des reporting sur leurs données extra-financières. A l’avenir, nous tendons vers un modèle de reporting universel, où les écritures comptables des données financières et extra-financières seront standardisées afin de faciliter leur travail d’audit. Ensuite, les entreprises font face aujourd’hui à un nouvel enjeu préoccupant : la montée du risque cyber, c’est-à-dire des actes malveillants envers les dispositifs informatiques en vue de nuire à l’image ou à la situation financière d’une entreprise. Selon une étude de Heuler Hermes de 2021, 9 entreprises sur 10 craignaient une augmentation du risque de cybercriminalité avec par exemple, un vol de leurs données. Toujours selon cette même étude, le principal risque de fraude auquel sont confrontées les entreprises sur internet est le pishing. Cette pratique consiste à user d’une fausse identité pour se faire passer pour un collaborateur et ainsi réclamer des informations sensibles (RIB, données), souvent par le biais d’emails. Ainsi, il est aujourd’hui nécessaire pour les commissaires aux comptes de mesurer l’exposition des entreprises aux risques cyber et d’en évaluer les conséquences financières afin de les protéger.
Nous avons vu que la digitalisation des entreprises entraîne de nouveaux enjeux pour les commissaires aux comptes, notamment le fait de contrôler un flux important de données. Mais cette digitalisation tend également à leur fournir des outils d’audit adaptés à ces nouveaux enjeux, influant sur la profession même du commissaire aux comptes. La Regtech – de « Regulation » et « Technology » – désigne les nouvelles technologies visant à faciliter l’application de la réglementation financière. Elle aide les institutions financières à analyser des données en temps réel, facilitant la lutte contre les fraudes financières telles que le blanchiment d’argent. C’est en ce sens qu’a été créée la plateforme Kantik. Ses algorithmes s’appuient sur des technologies telles que l’Intelligence Artificielle ou le Machine Learning et une expertise pointue en Data permettant l’analyse massive de données. Grâce à elle, l’auditeur légal peut surveiller les données financières et opérationnelles sur des tableaux de bord intuitifs et mettre en place des processus d’alerte automatique en cas d’anomalie détectée.
La digitalisation est au cœur des nouveaux enjeux des commissaires aux comptes. Le volume des données à contrôler, l’augmentation du risque de fraude et de cybercriminalité font évoluer les missions des commissaires aux comptes. En outre, cette digitalisation offre des outils technologiques adaptés à ces nouveaux enjeux, permettant d’analyser et de surveiller l’exhaustivité des transactions, pour que les commissaires aux comptes puissent se concentrer sur les opérations à valeur ajoutée.
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