Un vaste réseau de blanchiment d'argent démantelé en Belgique

Christophe BARDY - GRACES community
7/8/2024
Propulsé par Virginie
Cet article est réservé aux membres GRACES.community

L'affaire a commencé lorsque la Cellule de traitement des informations financières (CTIF) a signalé au parquet des opérations suspectes sur les comptes bancaires d'une entreprise, a expliqué vendredi Sabine Lievens, porte-parole du parquet. La CTIF a constaté que, sur une période de 14 mois, les comptes de cette société ont été crédités d'un montant total de plus de 1,5 million d'euros. En raison des antécédents de l'entreprise et de la nature des opérations, il a été soupçonné qu'il s'agissait de blanchiment d'argent. 


L'enquête de la police judiciaire fédérale a ensuite permis de découvrir une organisation impliquée à la fois dans le blanchiment d'argent et dans l'injection d'argent non déclaré dans l'économie. Selon le parquet, 'cette organisation, gérée par des personnes originaires du Brésil et du Portugal, était la plaque tournante entre des organisations criminelles disposant de beaucoup d'argent liquide et des entreprises ayant besoin d'argent liquide pour payer leurs travailleurs au noir'.  


Ses membres opéraient à partir d'un immeuble de bureaux situé à Ophain (Brabant wallon), où les fonds en espèces étaient collectés et redistribués quotidiennement. Le blanchiment d'argent consistait pour l'organisation à émettre des factures pour des services non effectués à ses 'clients', principalement des entreprises actives dans le secteur de la construction, qui les payaient ensuite par l'intermédiaire de leur compte bancaire. L'organisation remboursait cet argent en espèces, mais en déduisant sa commission. De cette manière, les entreprises disposaient d'un 'argent noir' avec lequel les travailleurs, entre autres, étaient payés. 


'Pour justifier ce flux de liquidités, plusieurs sociétés fictives ont été créées', a encore détaillé la porte-parole du parquet. 'À cette fin, des personnes ont été amenées du Portugal pour servir de façade à l'organisation et ont été désignées comme 'gérants' de ces sociétés fictives. L'enquête montre que ces flux d'argent s'élevaient à environ 50 millions d'euros par an, sur lesquels l'organisation criminelle prélevait une commission de 8 à 10%.'   L'enquête a abouti jeudi à 13 perquisitions à Hal-Vilvorde, Bruxelles, Mons, dans le Brabant wallon et à Charleroi. 


'Huit personnes ont été arrêtées', a indiqué Sabine Lievens. 'Elles ont été présentées au juge d'instruction, qui a placé les huit suspects sous mandat d'arrêt. Lors des perquisitions, 440.000 euros en liquide ont également été saisis et environ 500 comptes bancaires ont été bloqués.'   Ce n'est pas la première fois que le parquet de Hal-Vilvorde met la main sur une telle organisation. En juin dernier, le tribunal correctionnel de Bruxelles avait condamné à des peines de prison de 30 mois à 10 ans et à des amendes de 80.000 à 200.000 euros les membres et les dirigeants d'une organisation criminelle qui avait blanchi au moins 26,5 millions d'euros de la même manière pendant quelques années. Les chefs d'entreprise qui avaient collaboré avec l'organisation avaient à leur tour été condamnés à des peines de prison d'un an à 18 mois et à des amendes de 16.000 euros, leurs sociétés étant condamnées à des amendes de 80.000 à 200.000 euros.   Avant cela, en 2021, des peines de prison de 15 mois à 5 ans avaient été prononcées contre une organisation criminelle brésilo-portugaise qui fournissait également de l'argent noir à grande échelle, principalement à des entreprises de construction, par l'intermédiaire de sociétés écrans.   Dans le cadre du projet 'Company Dumping', le parquet brabançon mène une politique proactive contre ce phénomène et d'autres fraudes similaires qui recourent à des factures fictives émanant d'entreprises fictives. 'Il s'agit d'une coopération entre la police locale et fédérale, le parquet et l'auditorat du travail de Hal-Vilvorde, les services d'inspection économique et sociale, les autorités fiscales et le tribunal des sociétés, dans le cadre de laquelle toutes les sociétés s'installant sur le territoire sont contrôlées', développe Sabine Lievens. 'Lorsqu'un caractère fictif est établi, une procédure est lancée pour accélérer la dissolution de ces sociétés frauduleuses et ainsi les retirer de l'économie légale. Les chiffres sont surprenants, puisque 1 entreprise contrôlée sur 5 s'installant dans l'arrondissement s'avère être de nature fictive.'

Envie de lire la suite de l’article ?
Il vous reste 50% de l’article à lire
Inscrivez-vous sur GRACES.community pour profitez de toute l’actualité compliance
directement depuis votre espace Membre !
M'inscrire

Ces articles pourraient vous plairent

Inscrivez-vous et accèdez à l’ensemble de l’actualité GRACES.Community.

Plus de 200 sociétés ont trouvé leur compliance officer avec GRACES.community,

et si c’était vous ?